“« C’est très difficile de lutter pour les garder dans un environnement académique. L’un de mes doctorants a fait un stage d’été chez Tesla, qui lui a fait une offre avant qu’il ne termine sa thèse », explique-t-il. L’étudiant a décliné mais Tesla est revenu le chercher, une fois son doctorat achevé, en surenchérissant son offre d’embauche, qui avoisinait les 500 000 euros annuels sans les stock-options. Matthieu Cord peut s’amuser à faire la liste de ses thésards partis vers Deepmind, Facebook et Apple surtout : « Les meilleurs partent rapidement en sortie de thèse, ceux qui commencent à publier sont très vite dans les radars des géants du numérique et, après, c’est terminé, on ne les garde plus. » Une fois les jeunes diplômés « absorbés », les liens sont distendus, d’autant que certaines sociétés imposent une forme de loi du silence aux chercheurs et aux salariés.
Certains étudiants du MVA de la promo 2022 s’interrogent désormais aussi sur leur « responsabilité » et leur « rôle sociétal » dans la conception des algorithmes. Un cours de machine learning responsable a été créé à la rentrée 2021 pour répondre à cette aspiration, 60 étudiants avaient manifesté leur intérêt pour une trentaine de places ouvertes. Mathis Clautier refuse de mettre son intelligence au service d’une robotique destinée à la guerre. Il n’est pas sans savoir que Boston Dynamics, une start-up de robotique médiatisée grâce à ses robots humanoïdes, ayant appartenu à Google de 2013 à 2017, avait collaboré avec le programme de recherche de la défense américaine et que l’un de ses robots quadrupèdes « Spot » a fait ses débuts avec l’armée française, en 2021.”
Source : A Saclay, le master qui forme l’élite des spécialistes en intelligence artificielle