Combien de morts par actions terroristes sommes-nous prêts à accepter pour préserver un modèle de société où la vie privée existe encore ? Zéro, ce qui impose d’être tous surveillés ? Autant qu’il en coûtera ? Où placer le curseur ? Or cette question-là, fondamentale s’il en est, n’est jamais posée. Tout est comme si la réponse devait, nécessairement, évidemment, être “zéro”. La société actuelle refuse d’accepter le risque de tout ce qui ne lui semble pas relever de la fatalité. Elle s’obsède des 2 292 morts des attentats du 11 septembre 2001, en se disant “plus jamais ça”, quoi qu’il en coûte en abandon des valeurs de la société attaquée par les terroristes, et a déjà oublié les 250 000 morts du tsunami de 2004 en Asie, en acceptant qu’elle n’y peut rien. Or “pouvoir” faire quelque chose n’impose pas de “devoir” faire quelque chose, ou en tout cas, la fin ne justifie pas tous les moyens. Peut-être faut-il accepter un degré de fatalité même dans les comportements humains que l’on pense pouvoir contrôler.